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Les collections
Les collecteurs de pièces extra-européennes
La première partie du parcours consacrée à l’exploration, porte sur le Pacifique. Elle présente la collection de Pierre-Adolphe Lesson (1805-1888), médecin de Marine, rassemblée lors de ses trois voyages dans les mers du sud. Elle comporte entre autres des objets collectés à l’occasion du voyage de L’Astrolabe (1826-1829) sous le commandement de Jules Dumont d’Urville avec des pièces de Nouvelle-Zélande, de Tonga, de Fidji, de Nouvelle-Guinée, de Tikopia et de Vanikoro. De ses deux autres voyages entre 1839 et 1847, il a rapporté deux ensembles des Marquises et de Tahiti. Cette collection est tout à fait exceptionnelle au sein des musées français par son ancienneté et surtout par le fait que beaucoup d’objets ont été précisément documentés par les écrits de Pierre-Adolphe Lesson.
La section consacrée à la conquête coloniale est illustrée par la collection d’armes d’Afrique centrale de Léopold-Ferdinand Renault (1860-1900), typique du goût des militaires à cette époque pour ce genre d’objets, par trois rares statuettes funéraires Agni de Côte d’Ivoire rapportées en 1885 par l’officier de Marine Anselme Bellot et enfin par un tapis de selle attribué au roi Béhanzin, pris en 1892 lors du sac d’Abomey par Alexandre Pichot (1855-1930), du troisième régiment d’artillerie de Marine.
La colonisation établie, en l’occurrence celle de l’Indochine, est représentée par des œuvres importantes ayant appartenu à Jules Sylvestre (1841-1918) qui joua un rôle majeur dans l’administration de ce territoire. Il s’agit d’une cloche et d’un grand bouddha du temple du lac du lotus d’Hanoï, tous deux du XVIIIe siècle, et d’une exceptionnelle statue pré-angkorienne de Ganesh (VIIIe siècle) trouvée dans un petit sanctuaire de Cochinchine.
Les objets chinois Qing rassemblés dans son hôtel particulier de Rochefort par le général-médecin Paul-Nestor Hazard (1857-1962) qui résida à Pékin vers 1900 donnent un aperçu du goût « fin de siècle » pour les pièces très ornées.
Un ensemble de bijoux et de céramiques berbères du Maroc acquis dans les années 1960 par Michel Bonnet (1941-2015) est très représentatif de la recherche de pièces « authentiques » par un coopérant de la période post-coloniale.
Dans ce parcours muséographique, plus d’un siècle de collectes est déroulé, illustrant alors l’évolution du regard occidental sur les œuvres extra-européennes et aussi leur mode d’acquisition, sans éluder leur contexte parfois extrêmement violent.
La collection kanak de Nouvelle-Calédonie
À l'origine, la petite collection kanak, pas du tout documentée quant à la provenance, ne s’intégrait pas à ce choix de présentation. Elle comprenait cependant des pièces importantes, entre autres, deux flèches faîtières de grande case de chef et deux masques de deuilleur dont la présentation était incontournable. L’approche purement historique étant impossible, il a paru opportun de donner à cette collection une dimension particulière, pour illustrer la culture kanak sous ses aspects traditionnels et contemporains.
Pour ce faire, une convention avec le Centre Culturel Tjibaou à Nouméa a été mise en place de 2004 à 2012 qui a abouti dès l’ouverture du musée à la création d’un espace comprenant deux salles.
La première est plus spécifiquement consacrée à l’image du peuple kanak telle qu’elle a été véhiculée par le passé. Elle a bénéficié de dépôts de pièces majeures du musée du quai Branly – Jacques Chirac et de différents musées et muséums en région. La seconde salle contextualise des objets traditionnels hautement symboliques afin d’appréhender dans ses dimensions contemporaines l’une des grandes cultures vivantes du Pacifique. Les textes et cartels ont été rédigés par des kanak eux-mêmes.
La création contemporaine du Pacifique
Cette collaboration du musée Hèbre avec le Centre Culturel Tjibaou était associée à la constitution d’une collection d’art contemporain du Pacifique qui s’est développée depuis 15 ans, avec comme axe majeur des œuvres d’Australie et plus spécifiquement une série de peintures sur écorce de la Terre d’Arnhem. La région du Kimberley, les îles Tiwi et le désert central sont également représentés.
D’autres domaines culturels sont présents, notamment des productions contemporaines de Papouasie-Nouvelle-Guinée - école de Port Moresby et des boucliers des Highlands de l’Ouest. Un espace consacré au Vanuatu est en préparation.
La reconstitution de la cabine de la Flore
En 2023, dans le cadre l’année Loti à Rochefort, les musées municipaux ont présenté une exposition intitulée « Et Julien Viaud devint Pierre Loti, le voyage de la Flore, 1872 ». Consacrée au périple du jeune aspirant de marine dans le Pacifique, elle évoquait un épisode essentiel dans la vie de Loti : son premier voyage aux antipodes. Durant les six premiers mois de 1872, il sillonne le Pacifique et visite l'île de Pâques, les Marquises et Tahiti. C'est aussi à cette occasion qu'il débute en littérature. Avec l'aide de sa sœur, il publie une série de textes accompagnés de dessins dans la revue l'Illustration. Des articles remarqués, considérés aujourd’hui comme de précieux témoignages ethnographiques.
L'exposition mettait particulièrement en lumière les liens de Loti avec l'île de Pâques. Il a ainsi décoré la cabine qu’il occupait sur la Flore de nombreux objets collectés sur cette île, préfigurant les décors de sa maison rochefortaise. Comme un trait d’union reliant le musée Hèbre à la maison de Pierre Loti, une reconstitution de cette cabine est présentée de manière permanente au musée Hèbre, ornée de fac-similés des dessins et objets rapportés par Julien Viaud de ce premier grand voyage dans le Pacifique.
La galerie de peinture, un espace spectaculaire évoquant différents genres picturaux
Si la collection d’Alexandre Fiocchi présente des tableaux des XVIIe et XVIIIe, les œuvres acquises par la suite datent du XIXe, voire du début XXe siècle. L’ensemble permet d’évoquer la hiérarchie des genres picturaux, la peinture d’histoire, représentée par des tableaux de grand format, côtoyant des paysages, des portraits, des natures mortes ou encore des scènes de genre.
On peut ainsi citer Le Massacre des Janissaires, par Charles-Emile Callande de Champmartin (1826), exposé lors du Salon parisien de 1827 aux côtés d’autres toiles manifestes du courant romantique, comme La Mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix. Représentant un évènement contemporain - la répression du Sultan turc Mahmûd II contre le corps d’élite des Janissaires - elle fait scandale par sa dimension, jusque-là réservée à la peinture d’histoire, sa composition dynamique, ses couleurs vives et sa violence. Cette œuvre novatrice est assurément un jalon important dans l’histoire de la peinture romantique.
Dans un tout autre style, l’œuvre d’Henri-Jules Geoffroy intitulée À la crèche (1897), représente une scène de la vie quotidienne d’une ouvrière de la fin du XIXe siècle déposant son nourrisson à la crèche. Proche du gouvernement de la IIIe République et de ses idéaux, Geoffroy se consacre à l’illustration des enjeux d’éducation et de santé publique en France.
L’une des œuvres les plus remarquées par le public est la copie du Radeau de la Méduse par Etienne Ronjat. Le Radeau de la Méduse, que Théodore Géricault présente au Salon de 1819 est en effet aujourd’hui l’une des peintures les plus célèbres du monde. Cette image de souffrance et d’espoir universels est directement inspirée de l’histoire de la frégate la Méduse, partie de Rochefort pour le Sénégal et échouée au large des côtes d’Afrique en juillet 1816. Le jeune peintre Théodore Géricault entreprend de retracer ce tragique épisode sur une toile monumentale (4,91 x 7,16 m). D’inspiration classique dans sa composition, déjà romantique par son sujet, ses couleurs et son traitement très cru du corps humain, engagée sur le plan politique, l’œuvre dévoile toute l’horreur vécue par les survivants du radeau. En 1819, elle est présentée pour la première fois au public lors du Salon de l’Académie des Beaux-Arts sous le titre Scène de naufrage et fait scandale. Deux peintres, Etienne Ronjat et Pierre-Désiré Guillemet exécutent en 1859 une copie grandeur nature du tableau, aujourd’hui conservée au musée de Picardie à Amiens. En 1869, le maire de Rochefort Léon Mollière fait une demande auprès du ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts pour obtenir une copie du tableau. On ne peut qu’imaginer la pertinence de sa requête alors que de nombreuses familles de Rochefort et des alentours ont été fortement éprouvées par le naufrage. C’est aussi une manière d’enrichir une collection en bénéficiant de la notoriété de Géricault, du morceau de bravoure de son œuvre et du « procès de la monarchie » qui a suivi le naufrage. Cette copie d’Etienne Ronjat, de dimensions plus restreintes (1,94 x 2,86 m), a été restaurée en 2002.
Enfin, il convient de citer le Lycaon changé en loup, de Peter-Paul Rubens (1636-1638), l’une des œuvres majeures de la collection rochefortaise, malgré ses petites dimensions. Ce panneau représente Lycaon, roi de Parthasia, métamorphosé en loup pour avoir voulu servir de la chair humaine à Zeus au cours d’un repas. Inspirée des Métamorphoses d’Ovide, cette œuvre est une esquisse d’un des 122 tableaux commandés par Philippe IV d’Espagne à Rubens pour orner son pavillon de chasse de La Torre de la Parada, près de Madrid. Rubens démontre ici tout son talent de coloriste, mis au service du mouvement perceptible dans la posture des deux personnages.